18/09/2025 chroniquepalestine.com  10min #290897

Génocide : les dirigeants occidentaux sont veules et couards, mais avant tout activement complices


Le président Donald Trump donne ses instructions aux « bons élèves » suivants : le Premier ministre britannique Keir Starmer, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le chancelier allemand Friedrich Merz, le président français Emmanuel Macron, le président finlandais Alexander Stubb, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le secrétaire général de l'OTAN Mark Rutte après son entretien téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine, le lundi 18 août 2025, dans le Bureau ovale - Photo via Mondoweiss : Officiel Maison Blanche / Daniel Torok

Par  James Smith,  Layth Hanbali

Aucune preuve convaincante et irréfutable du génocide ne convaincra les dirigeants occidentaux de cesser de soutenir Israël, car cela n'est pas dans leur intérêt. La seule façon de mettre fin au génocide, c'est de le rendre plus coûteux que rentable.

On nous répète sans cesse que les élites politiques occidentales, ainsi que ses appendices institutionnels, sont  lâches, qu'ils ont tout simplement trop peur de s'exprimer et de s'opposer au génocide perpétré par le régime sioniste à Gaza, ou alors qu'ils se laissent trop influencer par la propagande sioniste et qu'ils sont trop redevables au lobby pro-régime.

Mais ces accusations ne résistent pas à un examen sérieux.

Biden, Harris et la quasi-totalité du Parti démocrate - y compris son « aile progressiste » - étaient tellement attachés à la colonie sioniste qu'ils ont préféré  sacrifier les élections de 2024 plutôt que de s'opposer sérieusement à ses crimes atroces et autres violations des droits humains.

De même, une pléthore de responsables gouvernementaux européens - Keir Starmer, David Lammy, Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Friedrich Merz et bien d'autres - sont tellement attachés à la colonie sioniste qu'ils sont prêts à risquer d'être inculpés pour complicité de crimes de guerre plutôt que de suspendre les accords commerciaux ou les  ventes d'armes.

L'ensemble de la classe dirigeante occidentale a préféré que l'imposture des valeurs libérales, de l'État de droit et de la liberté d'expression soit exposée au grand jour, plutôt que de renoncer à son soutien indéfectible au régime sioniste.

Il ne s'agit pas de lâcheté politique. Cela représente plutôt un engagement idéologique inébranlable envers leurs intérêts économiques et politiques, représentés, en l'occurrence, par la colonie sioniste.

Il n'est pas surprenant que les élections se poursuivent dans les pays occidentaux sans qu'aucune alternative antisioniste cohérente n'apparaisse - les élites politiques, économiques et culturelles sont presque unanimement unies dans leur soutien au régime sioniste et à sa campagne centenaire d'expansion coloniale.

Il y a eu plusieurs élections depuis le début du génocide, aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en France et ailleurs, mais aucune n'a offert aux électeurs un véritable choix.

Dans de nombreux pays, la majorité de la population était opposée à la colonie sioniste, soutenait la lutte palestinienne, et s'élevait contre le génocide, mais elle n'a pas pu voter pour une représentation politique antisioniste et pro-palestinienne.

En bref, le vote ne permet pas aux populations de mettre fin à la violence coloniale. Et ce n'est nullement parce que les gens ne comprennent pas la situation ou manquent d'empathie.

En fait davantage de témoignages, de conférences et de reportages ne changeront rien à l'affaire.

La lâcheté n'est pas la raison de ce soutien acharné. La vérité, c'est que la colonie sioniste est une  extension de l'expansion et de l'exploitation occidentales.

La colonie sioniste soutient le complexe militaro-industriel en achetant des armes à l'Occident et en les utilisant sur les Palestiniens comme cobayes, tandis que sa répression tous azimut des aspirations politiques dans toute la région permet à l'Occident de renforcer son emprise sur les économies régionales et, par extension, sur leur gaz, leur pétrole, leur eau et leur main-d'œuvre.

Les intérêts économiques ont motivé le soutien de l'Occident au projet sioniste depuis ses débuts.

L'une des principales raisons pour lesquelles les colonisateurs britanniques sont revenus sur leur promesse d'indépendance aux Arabes de la région et ont publié à la place la déclaration  Balfour - qui a ouvert la voie à la colonisation sioniste de la Palestine - était la crainte de perdre le contrôle du canal de Suez.

De même, le soutien indéfectible des États-Unis à la colonie sioniste s'est consolidé dans les années 1960 afin de promouvoir les ambitions économiques et politiques américaines dans la région pendant la guerre froide.

Le président John F. Kennedy a mis fin à l'embargo américain sur les armes avec le régime sioniste en 1961, a lié les intérêts sécuritaires des deux colonies et a établi leur « relation spéciale ».

Si le soutien américain au régime sioniste a connu une brève période d'incertitude (par exemple, en 1975, le refus du régime sioniste de se plier aux termes d'une initiative américaine visant à apaiser les tensions avec l'Égypte, a conduit les États-Unis à annoncer la suspension des livraisons militaires jusqu'à la capitulation d'Israël), la promotion par Israël des intérêts américains dans la région est devenue une pierre angulaire de son identité nationale.

En 1986, le sénateur américain Joe Biden a déclaré ouvertement : « S'il n'y avait pas d'Israël, il faudrait l'inventer ». Quarante-sept ans plus tard, en tant que président des États-Unis, il a répété exactement les mêmes mots au président du régime sioniste, Isaac Herzog, qui a répondu : « C'est incroyable ».

Il est clair qu'aucune atrocité, aucune preuve irréfutable, aucune condamnation juridique ou morale ne peut convaincre les dirigeants occidentaux de changer de cap.

Plus d'images et de vidéos d'enfants assassinés (comme si 20 000 ne suffisaient pas), plus de déclarations publiques de politiciens sionistes affirmant leur intention d'exterminer les Palestiniens (comme si leurs déclarations du 8 octobre 2023 et les actions correspondantes ne suffisaient pas), plus de preuves indéniables que le soutien militaire,  économique et diplomatique occidental alimente le génocide (comme si les politiciens occidentaux n'en étaient pas déjà bien conscients), ne provoqueront pas de changement.

Ni le génocide, ni la famine, ni le nettoyage ethnique, ni l'occupation, ni l'apartheid imposé au peuple palestinien ne sont un prix trop élevé à payer pour l'élite occidentale ; les avantages politiques et économiques qu'elle tire de la colonie sioniste l'emportent largement sur la valeur qu'elle accorde à la vie des Palestiniens.

Augmenter le coût du soutien au génocide

Ceux qui luttent pour la justice et la libération des Palestiniens doivent tenir compte de cette réalité, car se contenter de convaincre le public que les Palestiniens méritent justice et libération ne suffira jamais.

Pour être efficaces, les campagnes en faveur des Palestiniens doivent avoir pour objectif de rendre le soutien au régime sioniste plus coûteux que profitable. C'est la raison pour laquelle  Palestine Action a subi une des repressions les plus violentes de toutes celles jamais infligées au mouvement de solidarité avec la Palestine en Occident.

Si Palestine Action est désormais interdite en tant qu'organisation terroriste dans une décision sans précédent du gouvernement britannique, qui menace ses membres de peines de prison extrêmes, c'est parce qu'ils avaient réussi à mobiliser un nombre important de volontaires pour détruire du matériel militaire et ainsi menacer les profits qui assurent le soutien occidental à la colonie sioniste.

Ailleurs, tous ceux qui ont tenté d'ébranler les institutions élitistes - universités, hôpitaux, agences de presse et entreprises technologiques - ont également été réprimés.

 Microsoft a récemment  licencié quatre employés pour avoir protesté contre l'utilisation directe de sa technologie contre des Palestiniens, en plus d'autres employés licenciés plus tôt dans l'année, et travaillerait avec le FBI pour traquer d'autres manifestants.

Les universités, en particulier aux  États-Unis, refusent de délivrer des diplômes aux manifestants et appellent la police pour qu'elle passe à tabac et arrête leurs propres étudiants.

Des travailleurs de la santé ont été licenciés, suspendus et font l'objet d'enquêtes pour avoir exprimé leur solidarité avec les Palestiniens et avoir dénoncé la complicité institutionnelle dans les crimes du régime sioniste.

Les  médias ont pris pour cible ceux qui ont révélé leur inféodation au  lobby sioniste et ont supprimé les reportages qui dévoilaient la manière dont les intérêts politiques et économiques occidentaux soutiennent directement le sionisme.

Cette répression de grande envergure est directement liée à l'impact perturbateur de ces efforts sur les structures de production économique et culturelle qui sont les fondements du soutien indéfectible de l'Occident à la colonie sioniste.

Au sein des systèmes de pouvoir mondiaux, les mêmes règles s'appliquent : la critique du régime sioniste est autorisée tant qu'elle ne représente pas une menace concrète pour les structures de production économique et culturelle qui le protègent.

À titre d'illustration, la rapporteuse spéciale des Nations unies, Francesca  Albanese, a ouvertement condamné les crimes du régime sioniste depuis sa nomination à ce poste en mai 2022, mais l'administration américaine a décidé de lui imposer des  sanctions après qu'elle a publié un rapport citant certaines des plus grandes entreprises qui soutiennent la colonie sioniste et amplifié les appels à un boycott mondial.

Ceux qui recherchent la justice et la libération en Palestine ne doivent plus se contenter de diffuser des témoignages, des conférences et des rapports, dans l'idée que le manque de réaction au génocide s'origine dans un manque de compréhension ou d'information. Ils doivent se concentrer sur la perturbation concrète des structures de production économique et culturelle sionistes.

Nous devons, au minimum, boycotter individuellement et collectivement les entreprises, les agences de presse et les autres institutions qui tirent profit de la colonie sioniste et de sa logique génocidaire d'élimination du peuple palestinien, et qui contribuent ainsi à la perpétuer.

En plus du boycott, il existe une multitude de stratégies d'escalade et diverses formes d'action directe. Il faut juste que nous soyons suffisamment nombreux à être prêts à payer le prix de la lutte pour notre libération collective.

Auteur :  Layth Hanbali

* Layth Hanbali est consultant indépendant spécialisé dans les politiques de santé. Il a également travaillé comme chercheur, praticien de la santé publique et médecin, s'est porté volontaire en tant qu'organisateur de la société civile et a enseigné dans le cadre de plusieurs programmes de santé mondiale.Il a obtenu un master en politique, planification et financement de la santé à la London School of Economics and Political Science et à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, ainsi qu'un diplôme de médecine et une licence en santé mondiale à l'University College London.Son compte  twitter.

Auteur :  James Smith

* James Smith est maître de conférences en études humanitaires à l'University College London et médecin urgentiste. Il a travaillé à Gaza en tant que médecin pendant le génocide perpétré par Israël.

11 septembre 2025 -  Mondoweiss - Traduction :  Chronique de Palestine - Dominique Muselet

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